Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/306

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fit grimper jusqu’à l’entrée de son jardin, prêt à se mettre en route avec lui le lendemain matin.


X


La nuit fut très-mauvaise et la marne gagna beaucoup. Clopinet dut se lever avant le jour ; il rassembla toutes ses bestioles, les fit déjeuner, les mit avec soin dans le panier garni d’herbe, les chargea sur le bât de l’âne, qu’il fit bien déjeuner aussi, et, le soutenant de son mieux, il lui fit descendre la falaise jusqu’au bord de la mer. Il avait calculé son temps de manière à se trouver là au moment où la marée, commençant à descendre, lui permettrait de suivre la plage pour gagner Dives ; mais quand l’âne entendit la mer de si près, car il faisait encore trop sombre pour qu’il pût bien la voir, il fut pris d’une si belle peur qu’il resta tout tremblant, les oreilles couchées en arrière, sans vouloir avancer ni reculer. Clopinet était fort patient, et au lieu de le battre il le caressa, afin de lui donner le temps de s’habituer au bruit des vagues.

En ce moment, il lui sembla voir sur la grande Vache-Noire, qui montrait toujours son dos au-dessus des vagues, quelque chose de fort extraordinaire. Il ne faisait pas encore assez clair pour qu’il pût distinguer ce que c’était. Cela avait comme un petit corps avec de longues pattes qui remuaient. Clopinet pensa que c’était un poulpe gigantesque,