Page:Sand - Contes d une grand mere 1.djvu/44

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— Vraiment ? Il est donc bien riche ?

— Riche ? Mon Dieu, je ne sais pas !

— Vous ne savez pas ce que c’est que d’être riche ?

— Pas beaucoup. Je n’ai jamais pensé à cela.

— C’est que vous êtes riche, alors. Moi, je sais très-bien ce que c’est d’être pauvre.

— Si vous êtes pauvre… je n’ai rien, moi, mais je vais demander à mon papa…

— Ah ! vous me prenez pour une mendiante ? Vous n’êtes pas polie, vous ! C’est parce que je n’ai qu’une petite robe d’indienne pendant que vous avez une jupe de soie ? Sachez que je suis pourtant très-au-dessus de vous. Vous n’êtes que la fille d’un peintre, et moi je suis mademoiselle Blanche de Pictordu, fille du marquis de Pictordu.

— D’où me connaissez-vous donc ? dit Diane fort peu éblouie de ces distinctions auxquelles elle ne comprenait goutte.

— Je viens de voir votre papa dans la cour de mon château, où il a causé avec mon père. Je sais que vous avez passé la nuit ici, votre papa s’en est excusé et mon père, qui est un vrai seigneur, l’a invité à venir dans une maison mieux arrangée que ce château abandonné. Je vous avertis parce que vous allez venir dîner chez nous à la maison neuve.

— J’irai où mon papa voudra, répondit Diane, mais je voudrais savoir pourquoi vous dites que ce château-ci est abandonné. Je crois, moi, qu’il est toujours très-beau et que vous ne savez pas tout ce qu’il y a dedans.

— Il y a dedans, dit mademoiselle de Pictordu