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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

qui m’a fait beaucoup souffrir pendant plus d’un mois et dont je ne suis pas tout à fait débarrassée, j’ai encore les yeux malades et fatigués le soir. Néanmoins, je suis assez bien pour mettre à exécution un projet dont je n’ai pas voulu vous faire part avant qu’il fût tout à fait arrêté. Je vais aller passer quelques jours auprès de vous, et, de plus, je vous mène Maurice, afin que vous fassiez connaissance avec lui. Il en meurt d’envie et me fait mille questions sur votre compte.

Je profite d’une occasion agréable et commode pour le voyage : le sous-préfet et sa femme[1] vont aussi prendre l’air de Paris et m’offrent place dans leur calèche. Une fois près de vous, j’espère bien vous décider à revenir avec moi ; vous n’aurez plus de défaites à me donner ; nous ferons le voyage aussi long que vous voudrez. Nous nous arrêterons pour vous laisser reposer où il vous plaira ; enfin, je vous soignerai si bien en route, que vous ne vous apercevrez pas de la fatigue. Mais c’est de quoi nous aurons le loisir de parler ensemble la semaine prochaine, c’est-à-dire le 30 de ce mois ou le 1er mai.

Dites à l’ami Pierret de s’apprêter à gâter Maurice, comme il m’a gâtée jadis ; ce qui ne nous rajeunit ni les uns ni les autres. Si j’avais été seule, je vous aurais priée de me donner un lit de sangle au pied du vôtre ; mais Maurice est un camarade de lit assez dés-

  1. M. et madame de Périgny.