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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

à votre examen de conscience quelques objections prises rapidement au hasard entre beaucoup d’autres, et ne vous demandant, au nom de la conscience, que de les peser dans votre for intérieur ; vous, travaillant et rédigeant à loisir un article pour un journal et opposant un mois de travail à une lettre particulière écrite au courant de la plume. Je crains pourtant que votre réponse ne soit empreinte d’une trop grande précipitation, et je ne me trouve ni convaincue ni satisfaite par vos arguments.

La manière dont vous posez les questions est telle, que je m’abstiendrai plus que jamais d’engager une polémique ; je vois que vous ne me convertiriez pas, et la polémique n’est pas le champ clos où ma vocation me porte à défendre les principes et les idées dont je suis pénétrée.

Si je vous ai prié de ne pas insérer ma lettre et si je vous demande aujourd’hui le contraire, c’est pour des raisons que vous comprendrez et que tout le monde comprendra. J’avais une extrême répugnance à signaler aux ennemis du peuple les dissidences qui existent dans son sein. C’est, je crois, une mauvaise chose à faire que de leur donner le spectacle de nos incertitudes et de notre désaccord sur certains points.

Vous n’avez pas tenu compte de mon scrupule, et, en cela, vous avez dû être persuadés et abusés par quelque esprit ennemi du peuple, ennemi de l’Évangile et de l’égalité. Vous avez voulu proclamer à tout prix le triomphe de l’Église catholique sur vos opinions.