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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

Pendant cinq ou six ans, j’ai habité la même mansarde et reçu les mêmes amis intimes.

J’arrive au premier des faits que je tiens à démentir, faisant très bon marché de tous les autres. Je vous citerai, permettez-le-moi, monsieur.

« Au milieu de cet enivrement du succès, elle eut le tort d’oublier le fidèle compagnon de ses mauvais jours. Sandeau, blessé au cœur, partit pour l’Italie seul, à pied, sans argent. »

1o M. Jules Sandeau n’est jamais parti pour l’Italie à pied et sans argent, bien que vous sembliez insinuer que, s’il était sans argent, c’était ma faute ; ce qui suppose que, brouillé avec moi, il en eût accepté de moi : supposition injurieuse et que vous n’avez pas eu l’intention de faire. Je vous assure, et il vous assurerait au besoin, qu’il avait des ressources acquises à lui seul.
2o Il ne partit pas le cœur blessé : j’ai de lui des lettres aussi honorables pour lui que pour moi, qui prouvent le contraire, lettres que je n’ai pas de raison pour publier, sachant qu’il parle de moi avec l’estime et l’affection qu’il me doit. Je ne défendrai pas ici M. de Musset des offenses que vous lui faites. Il est de force à se défendre lui-même et, pour le moment, il ne s’agit que de moi ; c’est pourquoi je me borne à dire que je n’ai jamais confié à personne ce que vous croyez savoir de sa conduite à mon égard et que, par conséquent, vous avez été induit en erreur par quelqu’un qui a inventé ces faits. Vous dites que, après le voyage d’Italie, je n’ai jamais revu M. de Musset : vous vous trompez, je