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CORRESPONDANCE DE GEORGE SAND

l’ai beaucoup revu et je ne l’ai jamais revu sans lui serrer la main. Je tiens à cette satisfaction de pouvoir affirmer que je n’ai jamais gardé d’amertume contre personne, de même que je n’en ai jamais laissé de durable et de fondée à qui que ce soit, pas même à M. Dudevant, mon mari.

Vous ne m’avez jamais rencontrée avec M. de Lamennais, ni dans la forêt de Fontainebleau, ni nulle part au monde. Je vous en demande mille pardons, mais vous ne connaissiez de vue ni lui ni moi, le jour où vous avez fait cette singulière rencontre, racontée par vous, d’ailleurs, avec beaucoup d’esprit. Je n’ai jamais fait un pas dehors avec M. de Lamennais, que j’ai toujours connu souffrant et retiré. Puisque nous en sommes à M. de Lamennais, voici le second fait que je tiens essentiellement à démentir. Vous dites que, plus tard, lorsqu’on amenait l’entretien sur le rédacteur en chef du Monde, je m’écriais : Taisez-vous ! il me semble que j’ai connu le diable !

Je déclare, monsieur, que la personne qui vous a rapporté ceci a chargé sa conscience d’un gros mensonge. Mon intimité avec M. de Lamennais, comme il vous plaît d’appeler mes relations respectueuses avec cet homme illustre, n’a jamais changé de nature. Vous dites que George Sand ne tarda pas à rompre une intimité qui n’avait pu devenir sérieuse que par distraction ou par surprise. Il n’y a de distraction et de surprise possibles à l’égard de M. de Lamennais que celles dont vous êtes saisi en parlant de la sorte,