Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/340

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m’expliquait rien ; je lui ai répondu, lui offrant mes services comme toujours. Plus rien ; j’en étais inquiète et je comptais sur toi pour m’expliquer sa position. Tu m’écris, comme lui, par réticences et par énigmes.

Quant à ses Deux Hussards, la chose en elle-même est un chef-d’œuvre et, si ce n’est pas fidèlement traduit, ce que je ne peux pas savoir, c’est dix fois plus agréable à lire comme français que la forme donnée par les traducteurs aux ouvrages de Tourguenef, qu’il faut souvent deviner au lieu de comprendre du premier coup. Tu peux dire cela à Tourguenef de ma part. Ses ouvrages ont l’air d’être traduits par un russe. Le génie d’une langue ne se traduit dans une autre langue que par des équivalents, et, quand on s’attache à l’exactitude, on ne le rend pas.

Enfin je compte sur toi pour voir mon pauvre Charles et pour me dire ce qu’on peut faire pour lui ; je ne sais pas s’il est toujours à la Revue, tu ne m’en dis rien.

À bientôt, n’est-ce pas ? au moins, écris-nous souvent pour nous faire prendre patience. Nous te bigeons tous ; je vois que tu n’as pas reçu une lettre de moi, que je t’ai adressée à Antibes. Toute la nichée t’aime et t’appelle.

Est-on content à Paris de la République qui l’emporte ?