Page:Sand - Correspondance 1812-1876, 6.djvu/398

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généreuse, droite et enthousiaste du bien, pleine d’amour pour vous, pour sa sœur, son frère et pour celui qu’il appelle son père sans effort et sans arrière-pensée.

Voilà pourquoi je l’ai pris en haute estime et en sérieuse affection heureuse d’avoir un enfant de plus dans ma nombreuse famille adoptive.

À présent, l’enfant s’ennuie et n’a pas le cœur au travail, cela est évident pour moi. Je lui ai indiqué un professeur qu’on me disait excellent, mais qui, je le crains, est trop imbu d’idées exaltées sur la société pour être parfaitement raisonnable. Henri s’en plaint, tout en l’aimant beaucoup. Il dit qu’il oublie ce qu’il a étudié seul ici, et qu’il n’apprend rien. Je crois bien qu’en effet, l’élève peut être las du professeur et rien ne serait plus simple que d’en changer ; mais je pense aussi que l’élève a peu de zèle et que ce genre d’étude lui est antipathique. Il me remontre les inconvénients du temps qu’il perd à ne pas s’instruire et il est certain que, pour un être aussi intelligent que lui, le fond du savoir n’est pas assez développé. Il connaît insuffisamment l’histoire, et les notions de science sont presque à l’état de zéro. Au fond de son dégoût, il y a la passion littéraire, je le vois bien ; mais c’est là ce que j’encouragerai le moins, tant qu’il ne sera pas instruit sous d’autres rapports, car ce serait travailler dans le vide et vouloir faire du miel avant d’avoir sucé les fleurs. Quant à insister sur le droit, j’attends vos ordres, à vous sa chère mère. Je n’ai pas