sible après de tels désastres. Chacun se tient prêt à marcher à son tour et à faire les sacrifices nécessaires. Ne croyez pas ce qu’on peut dire du trouble et du désarroi de la France. Les premiers mouvements ont été mauvais, aigres, découragés, désordonnés. Mais partout l’union devant l’ennemi s’est faite avec une promptitude que nous n’espérions pas ; et, à présent, si nous ne sauvons pas la vie, nous sauverons l’honneur, nous forcerons l’Europe à nous estimer.
Pourquoi me disiez-vous que vous ne saviez comprendre la lettre que j’ai publiée au lendemain de Sedan ? Je disais alors que nous devions attendre. La République a été proclamée en même temps que ma lettre paraissait, et, le lendemain, surprise, mais vaincue par ce grand événement, je disais : « Ayons espoir et confiance ! »
Ne suis-je pas républicaine en principe depuis que j’existe ? La république n’est-elle pas un idéal qu’il faut réaliser un jour ou l’autre dans le monde entier ? La question de temps et de possibilité rentre dans la politique, et je ne me fais pas juge des questions de fait, je ne saurais pas ; seulement la République proclamée sans effusion de sang est un grand pas dans l’histoire des idées. Elle prouve la force de l’idée, et, quand l’idée prévaut dans une grande résolution des masses, on doit suivre ce mouvement et ne plus dire « C’est trop tôt ! » Les luttes qui nous attendent après la guerre, je ne me les dissimule pas ; mais que pou-