Page:Sand - Cosima.djvu/70

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COSIMA, tressaille, et dit tout bas avec agitation au chanoine qui l’observe attentivement.

Ce n’est pas moi, mon oncle !

LE CHANOINE, bas, à Cosima.

J’en suis bien sûr, mon enfant !

ORDONIO, bas, à Cosima.

Ne feignez pas cette tristesse, madame ; Néri a l’œil sur vous.

COSIMA.

Encore ! Ah ! ciel ! nous quitterons-nous ainsi ?

ORDONIO.

Il n’eût tenu qu’à vous de me retenir, ce me semble !

COSIMA.

C’est vous qui me forcez…

FARGANACCIO

Vous m’en voulez d’avoir trahi cette bonne fortune ? Ah ! signora, il en a bien d’autres ! Allons, mon cher, vous êtes l’homme le plus galant de la cour. On dit que notre duc vous a pris en une telle considération, qu’il ne porte plus que des pourpoints taillés sur le modèle des vôtres.

ORDONIO.

C’est vrai. Il lui a pris la fantaisie de s’habiller à la vénitienne, et nos modes lui plaisent tant, qu’il m’a chargé de lui envoyer nos plus belles étoffes. Il les trouve très-supérieures à celles qu’on fabrique dans ses États.

MALAVOLTI.

Merci Dieu ! c’est nous qui les fabriquons, et le duc ne nous retirera pas, j’espère, la fourniture de sa maison ! nous l’avons de père en fils !

FARGANACCIO.

Mais je suis associé dans l’entreprise, moi ! Diable ! n’allez pas mettre dans l’esprit du duc une pareille sottise !…

ORDONIO.

Comment me faites-vous l’honneur de dire ?