Page:Sand - Flamarande.djvu/319

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Au bout de quelques moments d’entretien avec le malade et sa femme, elle reprit avec moi le chemin du château par la plaine ; c’était plus long, mais plus sûr, disait-elle. Je marchais derrière, je n’avais pas encore abjuré avec elle mes habitudes de domesticité ; elle s’en aperçut et me dit sans affectation :

— Le chemin est assez large, donnez-moi donc le bras, monsieur Charles, on ne voit plus très-clair à se conduire.

Je lui présentai mon bras en silence. Une méfiance profonde s’emparait de moi.

— Elle sait tout, pensais-je ; donc, elle me hait ou me craint. Peut-être Salcède s’est-il enfin aperçu de la substitution de son talisman. Elle veut le ravoir.

Mais elle me parla avec un grand naturel de toute autre chose que d’elle-même. Il ne fut même question que de moi. Elle ne marquait pas l’inquiétude que je lui avais supposée. Elle paraissait curieuse de ce que Roger appelait mes inventions. Elle m’interrogeait sur mes greffes de rosiers, sur l’habile réparation du piano, sur mes études musicales, sur mes parties d’échecs avec M. Ferras. Roger lui avait parlé de tout cela. Il n’y avait que mes études littéraires qui fussent restées connues de moi seul.

Comme elle me demandait à quoi je m’occupais avec le plus de plaisir, je lui répondis que j’avais