Page:Sand - Flamarande.djvu/321

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très-sérieusement. — Allons, monsieur Charles, ajouta-t-il en allongeant le bras pour me prendre l’oreille, obéis à ton enfant gâté, ouvre ton cœur au bon Dieu, c’est-à-dire à maman.

Ayant ainsi parlé, le cher enfant disparut, et je restai seul face à face avec sa mère, qui, accoudée sur l’appui de ma fenêtre, plongeait dans mes yeux hagards ses yeux d’une limpidité pénétrante. Ce regard fut si franchement affectueux que j’en subis le magnétisme. Fasciné et surexcité en même temps, je ne saurais dire pourquoi, voulant parler pour nier mon mal, je fus suffoqué par des larmes qui m’empêchèrent de dire un mot.

Elle me regardait toujours, et elle me prit la main en me disant d’une voix qui brisa toute mon énergie :

— Pauvre Charles !

Il y avait tant de bonté, tant de sincérité dans son geste et dans son accent, que je perdis la tête et m’écriai, sans pouvoir ni choisir ni retenir mes paroles :

Veille sur notre enfant !

Elle me regarda avec une surprise qui n’avait rien de joué, et je me hâtai d’ajouter, tout éperdu :

— Voilà ce que madame la comtesse veut me dire !

Elle quitta vivement la fenêtre en me faisant signe de la fermer, et elle entra chez moi par la porte vitrée, qu’elle referma derrière elle.