Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/103

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plancher fût percé par les deux cornes de Lucifer. « Bah ! disait Hippolyte, il est écrit dans le livre que les personnes qui n’oseraient pas aller jusqu’au bout, peuvent, en effaçant bien vite certains chiffres, faire rentrer le diable sous terre, au moment où il passe la tête dehors. Seulement, il faut éviter que ses yeux soient sortis, car aussitôt qu’il vous a regardé vous n’êtes plus maître de le renvoyer avant de lui avoir parlé : moi, je ne sais pas si je l’oserais, mais tout au moins, je voudrais voir le bout de ses cornes.

«  — Mais s’il nous regarde, et s’il faut lui parler, disais-je, que lui dirons-nous ?

«  — Ma foi, répondait Hippolyte, je lui commanderai d’emporter Deschartres, son flageolet et tous ses vieux bouquins. »

Nous prenions certainement la chose en plaisanterie en devisant ainsi, mais nous n’en étions pas moins émus. Les enfans ne peuvent jouer avec le merveilleux sans en ressentir quelque ébranlement, et, sous ce rapport, les hommes du passé ont été des enfans bien autrement crédules que nous ne l’étions.

Nous complétâmes l’expérience comme nous pûmes, et non seulement le diable ne vint pas, mais encore il n’y eut pas la moindre petite flamme. Nous mettions pourtant l’oreille sur le carreau, et Hippolyte prétendait entendre un petit pétillement précurseur des premières étincelles ; mais il se moquait de moi et je n’en étais pas