Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/111

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Caroline, qui n’avait pas de bonne maman pour la gâter, elle secondait le désir qu’on éprouvait de me voir prendre mon parti. J’eus, cette fois, des distractions et des plaisirs conformes à mon âge. Ma grand’mère était liée avec Mme de Fargès, dont la fille, Mme de Pontcarré, avait une fille charmante, nommée Pauline. On nous fit faire connaissance, et nous sommes restées intimement liées jusqu’à l’époque de nos mariages respectifs, qui nous ont éloignées l’une de l’autre, avec des circonstances que je raconterai en leur lieu. Pauline, qui fut plus tard une ravissante jeune fille, était un enfant blond, mince, un peu pâle, vif, agréable et fort enjoué. Elle avait une magnifique chevelure bouclée, des yeux bleus superbes, des traits réguliers. Elle avait, à peu de chose près, le même âge que moi. Comme sa mère était une femme de beaucoup d’esprit, l’enfant n’était point maniéré. Cependant, elle avait une meilleure tenue que moi, elle marchait plus légèrement et perdait beaucoup moins souvent ses gants et son mouchoir. Aussi ma grand’mère me la proposait-elle pour modèle à toute heure, moyen infaillible pour me la faire détester si j’avais eu l’amour-propre qu’on voulait me donner, et si je n’avais pas eu toute ma vie un besoin irrésistible de m’attacher aux êtres avec lesquels le hasard me fait vivre.

J’aimais donc tendrement Pauline qui se laissa aimer : c’était là sa nature. Elle était bonne,