Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

sincère, aimable, mais froide. J’ignore si elle a changé. Cela m’étonnerait beaucoup.

Nous prenions toutes nos leçons ensemble, et ma grand’mère n’ayant guère le temps, à Paris, de s’occuper de moi sous ce rapport, Mme de Pontcarré eut la bonté de m’associer aux études de Pauline, comme on associait Pauline à mes leçons. Il vint chez nous, pour nous deux, trois fois par semaine, un maître d’écriture, un maître de danse, une maîtresse de musique. Les autres jours, Mme de Pontcarré venait me chercher, et c’était elle-même qui se donnait la peine de nous faire repasser les principes et de nous mettre les mains sur son piano. Elle était excellente musicienne et chantait avec beaucoup de feu et de grandeur. Sa belle voix et les brillans accompagnemens qu’elle trouvait sur un instrument moins aigre et plus étendu que le clavecin de Nohant, augmentèrent mon goût pour la musique. Après la musique, elle nous enseignait la géographie et un peu d’histoire. Pour tout cela, elle se servait des méthodes de l’abbé Gaultier, qui étaient en vogue alors et que je crois excellentes. C’était une sorte de jeu avec des boules et des jetons comme au loto, et on apprenait en s’amusant.

Elle était fort douce et encourageante avec moi ; mais, soit que Pauline fût plus distraite, soit le grand désir qu’ont les mères de pousser leurs enfans à de rapides progrès, elle la brutalisait un