Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/192

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pâtres ont donné des noms souvent plus poétiques et toujours plus significatifs : le thym de bergère, la bourse à berger, la patience, le pied de chat, le baume, la nappe, la mignonnette, la boursette, la repousse, le danse-toujours, la pâquerette, l’herbe aux gredots, etc. Cette botanique à noms barbares me semblait la fantaisie des pédans, et de même pour la versification latine et française, je me demandais, dans ma superbe ignorance, à quoi bon ces alignemens et ces règles desséchantes qui gênaient l’élan de la pensée et qui en glaçaient le développement. Je me répétais tout bas ce que j’avais entendu dire à ma naïve mère : « À quoi ça sert-il, toutes ces fadaises-là ? » Elle avait le bon sens de Nicole, moi la sauvagerie instinctive d’un esprit très logique sans le savoir, et très positif par cela même qu’il était très romanesque : ceci peut sembler un paradoxe, mais j’aurai tant à y revenir, qu’on me permettra de passer outre pour le moment.