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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/231

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notion claire et précise qui est véritablement, sinon la grande découverte, du moins la grande certitude philosophique des temps nouveaux, et dont Pierre Leroux, Jean Reynaud et leur école de 1830 à 1840 ont posé la meilleure exposition et les meilleures déductions dans les travaux de l’Encyclopédie nouvelle.

À l’époque où l’on m’enseigna l’histoire, on n’avait généralement aucune idée d’ordre et d’ensemble dans l’appréciation des faits. Aujourd’hui, l’étude de l’histoire peut être la théorie du progrès ; elle peut tracer une ligne grandiose à laquelle viennent se rattacher toutes les lignes jusqu’alors éparses et brisées. Elle nous fait assister à l’enfance de l’humanité, à son développement, à ses essais, à ses efforts, à ses conquêtes successives, et ses déviations mêmes aboutissant fatalement à un retour qui la replace sur la route de l’avenir, ne font que confirmer la loi qui la pousse et l’entraîne.

Dans la théorie du progrès, Dieu est un, comme l’humanité est une. Il n’y a qu’une religion, qu’une vérité antérieure à l’homme, coéternelle à Dieu, et dont les différentes manifestations dans l’homme et par l’homme sont la vérité relative et progressive des diverses phases de l’histoire. Rien de plus simple, rien de plus grand, rien de plus logique. Avec cette notion, avec ce fil conducteur dans une main : L’humanité éternellement progressive ; avec ce flambeau dans l’autre