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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/266

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CHAPITRE DIXIÈME.

L’ambition de Liset. — Énergie et langueur de l’adolescence. — Les glaneuses. — Deschartres me rend communiste. — Il me dégoûte du latin. — Un orage pendant la fenaison. — La bête. — Histoire de l’enfant de chœur. — Les veillées des chanvreurs. — Les histoires du sacristain. — Les visions de mon frère. — Les beautés de l’hiver à la campagne. — Association fraternelle des preneurs d’alouettes. — Le roman de Corambé se passe du nécessaire. — La première communion. — Les comédiens de passage. — La messe et l’Opéra. Brigitte et Charles. — L’enfance ne passe pas pour tout le monde.


Mon frère était si content de s’en aller, que je ne pus m’affliger beaucoup de le voir partir. Cependant la maison me parut bien grande, le jardin bien triste, la vie bien morne quand je me trouvai seule. Comme il riait en me quittant, j’aurais eu honte de pleurer : mais je pleurai le lendemain matin, lorsqu’en m’éveillant je me dis que je ne le verrais plus. Liset, me voyant les yeux rouges à la récréation, se crut obligé de pleurer, quoiqu’il eût été plus tourmenté et plus rossé que choyé par Hippolyte. C’était un enfant très sensible, que ses parens ne rendaient pas heureux et qui avait reporté sur moi toutes ses affections. Il rêvait, comme félicité suprême, d’être un jour mon jockey et d’avoir un chapeau