Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/326

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au couvent sans crainte, sans regret et sans répugnance. Je ne me rendis pas compte des suites. Je ne savais pas que j’entrais peut-être véritablement dans le monde en franchissant le seuil du cloître, que je pouvais y contracter des relations, des habitudes d’esprit, même des idées qui m’incorporeraient, pour ainsi dire, dans la classe avec laquelle j’avais voulu rompre. Je crus voir, au contraire, dans ce couvent, un terrain neutre, et dans ces années que je devais y passer, une sorte de halte au milieu de la lutte que je subissais.

J’avais retrouvé à Paris Pauline de Pontcarré et sa mère. Pauline était plus jolie que jamais, son caractère était resté enjoué, facile, aimable : son cœur n’avait pas changé non plus. Il était parfaitement froid, ce qui ne m’empêcha pas d’aimer et d’admirer comme par le passé cette belle indifférente.

Ma grand’mère avait questionné Mme de Pontcarré sur le couvent des Anglaises, ce même couvent où elle avait été prisonnière pendant la révolution. Une nièce de Mme de Pontcarré y avait été élevée et venait d’en sortir. Ma bonne maman, qui avait gardé de ce couvent et des religieuses qu’elle y avait connues un certain souvenir, fut charmée d’apprendre que Mlle Debrosses y avait été fort bien soignée, élevée avec distinction, que l’on faisait là de bonnes études, que les maîtres d’agrément étaient renommés,