Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/327

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enfin que le couvent des Anglaises méritait la vogue dont il jouissait dans le beau monde, en concurrence avec le Sacré-Cœur et l’Abbaye-aux-Bois. Mme de Pontcarré avait le projet d’y mettre sa fille, ce qu’elle fit, en effet, l’année suivante. Ma grand’mère se décida donc pour les Anglaises, et, un jour d’hiver, on me fit endosser l’uniforme de sergette amarante, on arrangea mon trousseau dans une malle, un fiacre nous conduisit rue des Fossés-Saint-Victor, et après que nous eûmes attendu quelques instans dans le parloir, on ouvrit une porte de communication qui se referma derrière nous. J’étais cloîtrée.

Ce couvent est une des trois ou quatre communautés britanniques qui s’établirent à Paris pendant la puissance de Cromwell. Après avoir été persécuteurs, les catholiques anglais, cruellement persécutés, s’assemblèrent dans l’exil pour prier et demander spécialement à Dieu la conversion des protestans. Les communautés religieuses restèrent en France, mais les rois catholiques reprirent le sceptre en Angleterre et se vengèrent peu chrétiennement.

La communauté des Augustines anglaises est la seule qui ait subsisté à Paris, et dont la maison ait traversé les révolutions sans trop d’orage. La tradition du couvent disait que la reine d’Angleterre, Henriette de France, fille de notre Henri IV et femme du malheureux Charles Ier,