Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/328

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était venue souvent avec son fils Jacques II prier dans notre chapelle et guérir les scrofules des pauvres qui se pressaient sur leurs pas. Un mur mitoyen sépare ce couvent du collége des Écossais. Le séminaire des Irlandais est à quatre portes plus loin. Toutes nos religieuses étaient Anglaises, Écossaises ou Irlandaises. Les deux tiers des pensionnaires et des locataires, ainsi qu’une partie des prêtres qui venaient officier appartenaient aussi à ces nations. Il y avait des heures de la journée où il était enjoint à toute la classe de ne pas dire un mot de français, ce qui était la meilleure étude possible pour apprendre vite la langue anglaise. Nos religieuses, comme de raison, ne nous en parlaient presque jamais d’autres. Elles avaient les habitudes de leur climat, prenant le thé trois fois par jour et admettant celles de nous qui étaient bien sages à le prendre avec elles.

Le cloître et l’église étaient pavés de longues dalles funéraires sous lesquelles reposaient les ossemens vénérés des catholiques de la vieille Angleterre, morts dans l’exil et ensevelis par faveur dans ce sanctuaire inviolable. Partout, sur les tombes et sur les murailles, des épitaphes et des sentences religieuses en anglais. Dans la chambre de la supérieure et dans son parloir particulier, de grands vieux portraits de princes ou de prélats anglais. La belle et galante Marie Stuart, réputée sainte par nos chastes nonnes,