Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/33

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fois chez Mme de la Marlière ; mais celle-ci, n’ayant qu’une très mince existence, ne donnait pas de dîners. Elle occupait, rue Villedot, n° 6, un petit appartement au troisième, qu’elle n’a pas quitté, je crois, depuis le Directoire jusqu’à sa mort, arrivée en 1841 ou 42. Son intérieur, moins beau que celui de mon grand-oncle, était curieux aussi pour son homogénéité, et je ne crois pas que depuis le temps de Louis XVI, dont il était un petit spécimen complet, il eût subi le moindre changement.

Mme de la Marlière était alors très liée avec Mme Junot, duchesse d’Abrantès, qui a laissé des Mémoires intéressans, et qui est morte très malheureuse, après une vie mêlée de plaisirs et de désastres. Elle a consacré, s’il m’en souvient bien, une page à Mme de la Marlière, qu’elle a beaucoup poétisée. Mais il faut permettre à l’amitié ces sortes d’inexactitudes. En somme, la vieille amie de la comtesse de Provence, de Mme Junot et de ma grand’mère avait plus de qualités que de défauts, et c’était de quoi lui faire pardonner quelques travers et quelques ridicules. Les autres amies de ma grand’mère étaient d’abord Mme de Pardaillan, celle qu’elle préférait avec raison à toutes les autres : petite bonne vieille qui avait été fort jolie et qui était encore proprette, mignonne et fraîche sous ses rides. Elle n’avait pas d’esprit et pas plus d’instruction que les autres dames de son temps, car de toutes celles que je