Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/370

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retourner auprès de mes complices sans être remarquée.

Alors on m’initia au grand secret, et nous partîmes pour notre expédition.

Ce grand secret, c’était la légende traditionelle du couvent, une rêverie qui se transmettait d’âge en âge et de diable en diable depuis deux siècles peut-être : une fiction romanesque qui pouvait bien avoir eu quelque fond de réalité dans le principe, mais qui ne reposait certainement plus que sur le besoin de nos imaginations. Il s’agissait de délivrer la victime. Il y avait quelque part une prisonnière, on disait même plusieurs prisonnières, enfermées dans un réduit impénétrable, soit cellule cachée et murée dans l’épaisseur des murailles, soit cachot situé sous les voûtes des immenses souterrains qui s’étendaient sous le monastère et sous une grande partie du quartier Saint-Victor. Il y avait, en réalité, des caves magnifiques, une véritable ville souterraine dont nous n’avons jamais vu la fin, et qui offrait plusieurs sorties mystérieuses sur divers points du vaste emplacement du couvent. On assurait que ces caves allaient, très loin de là, se relier aux excavations qui se prolongent sous une grande moitié de Paris, et sous les campagnes environnantes jusque vers Vincennes. On disait qu’en suivant les belles caves de notre couvent on pouvait aller rejoindre les catacombes, les carrières, le palais des Thermes de