Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/372

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légendes écossaises et irlandaises à faire dresser les cheveux sur la tête. Le couvent avait aussi à foison ses histoires de drames lamentables, de revenans, de cachettes, d’apparitions inexpliquées, de bruits mystérieux. Tout cela, et l’idée de découvrir enfin le formidable secret de la victime, allumait tellement nos folles imaginations, que nous nous persuadions entendre des soupirs, des gémissemens partir de dessous les pavés ou s’exhaler par les fissures des portes et des murs.

Nous voilà donc lancées, mes compagnes pour la centième fois, moi pour la première, à la recherche de cette introuvable captive qui languissait on ne savait où, mais quelque part certainement, et que nous étions peut-être appelées à découvrir. Elle devait être bien vieille depuis tant d’années qu’on la cherchait en vain ! Elle pouvait bien avoir deux cents ans, mais nous n’y regardions pas de si près. Nous la cherchions, nous l’appelions, nous y pensions sans cesse, nous ne désespérions jamais.

Ce soir-là on me conduisit dans la partie des bâtimens que j’ai déjà esquissée, la plus ancienne, la plus disloquée, la plus excitante pour nos explorations. Nous nous attachâmes à un petit couloir bordé d’une rampe en bois et donnant sur une cage vide et sans issue connue. Un escalier, également bordé d’une rampe, descendait à cette région ignorée ; mais une porte en chêne défendait l’entrée d’escalier. Il fallait tourner