Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/398

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alors veuve de M. de Lescure, encore enceinte de deux jumelles qu’elle devait perdre peu de jours après leur naissance. Réfugiée en Bretagne, au hameau de la Minaye, chez de pauvres paysans fidèles au malheur, traquée par les bleus, livrée à de continuelles alertes, gardant les troupeaux sous le nom de Jeannette, couchant souvent dans les bois avec sa mère (une femme héroïque que l’on adore en lisant ses mémoires), fuyant, par le vent et la pluie, pour se cacher dans quelque sillon ou dans quelque fosse, tandis que les patriotes fouillaient les maisons où elles avaient reçu asile : Mme de la Rochejaquelein avait failli épouser un paysan breton. Voici comme elle raconte elle-même cet épisode :

« …… Ma mère voulut, pour plus de précautions, user d’une ressource fort singulière. Deux paysannes vendéennes avait épousé des Bretons, et depuis ce temps-là, on ne les inquiétait plus. Ma mère, qui cherchait à m’assurer un repos complet pendant mes couches, ne trouva pas de meilleur moyen. Elle jeta les yeux sur Pierre Riallo. C’était un vieil homme veuf qui avait cinq enfans : mais il fallait avoir un acte de naissance. La Ferret avait une sœur qui était allée autrefois s’établir de l’autre côté de la Loire avec sa fille. On envoya Riallo chercher les actes de naissance dans le pays de La Ferret. Tout allait s’arranger : l’officier municipal était prévenu et nous avait promis de