Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/399

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déchirer la feuille du registre quand nous le voudrions. On devait prier les bleus au repas de la noce : mais l’exécution de ce projet fut suspendue par des alarmes très vives qu’on nous donna. On nous dit que nous avions été dénoncées et que nous étions particulièrement recherchées. Nous changeâmes de demeure, et même nous nous séparâmes, etc. »

Quelques semaines plus tard, Mme de Lescure et sa mère changeant d’asile, se séparèrent de Pierre Riallo qui les avait conduites à leur nouveau refuge. « Cet excellent homme, dit-elle, nous quitta en pleurant. Il ôta de son doigt une bague d’argent comme en portent les paysannes bretonnes, et me la donna. Jamais je n’ai cessé de la porter depuis. »

Ainsi la veuve de M. de Lescure, celle qui devait être la marquise de La Rochejaquelein, avait été en quelque sorte la fiancée de Pierre Riallo. Rien de plus austère certainement que ces fiançailles en présence de la mort, rien de plus chaste que l’affection du vieux paysan et la gratitude de la jeune marquise ; mais que fût-il arrivé si le mariage eût été conclu, et que Pierre Riallo se fût refusé à la suppression frauduleuse de l’acte civil ? Certes, la noble Jeannette fût morte plutôt que de consentir à ratifier cette mésalliance monstrueuse. On était bien alors, par le fait, l’égale, moins que l’égale du pauvre paysan breton. On était une pauvre b