Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/404

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Héléna, enfant un peu persécuté, un peu opprimé, par sa faute peut-être, mais qui m’inspirait de la sollicitude par cette raison qu’elle était souvent victime de la diablerie.

Elle m’aimait quelquefois trop. C’était une nature inquiète et tourmentante. Il fallait lui faire tous ses devoirs, se charger de toutes ses corvées, voire de lui écrire sa confession, ce qui ne se faisait pas toujours très sérieusement, je l’avoue. Je la protégeais contre Mary, qui ne pouvait pas la tolérer. Je lui ai épargné bien des punitions, je l’ai sauvée de bien des orages, et je doute qu’elle en ait gardé la mémoire. Elle tirait une grande vanité de son nom, et on lui en savait mauvais gré, même celles qui en portaient de plus illustres, car il faut rendre à la plupart d’entre nous cette justice, que nous pratiquions de tous points l’égalité chrétienne, et que nous n’avions même pas la pensée de nous croire plus ou moins les unes que les autres.

C’est cette Héléna de… qui m’avait, du reste, gratifiée d’un sobriquet que j’ai porté plus particulièrement que les autres ; car, comme toutes mes compagnes, j’en avais plusieurs. Héléna m’avait nommée Calepin, parce que j’avais la manie des tablettes de poche ; la sœur Thérèse m’avait surnommée Mad-Cap et Mischievous ; à la grande classe, je devins ma Tante et le marquis de Sainte-Lucie.

J’ai eu l’amusement de conserver mes livres