Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/405

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élémentaires de la petite classe, le Spelling book, the Garden of the soul (le Jardin de l’âme), etc. Ils sont chargés de devises, de rébus, et ce qui me réjouit le plus, de conversations dialoguées qu’on s’écrivait durant les heures de silence, car le censile général était une punition fort usitée. La couverture du premier livre venu passant de main en main sous la table devenait une causerie générale. On avait aussi des lettres en carton qu’on se faisait passer au moyen d’un long fil, d’un bout de la classe à l’autre. On formait rapidement des mots, et celle qui était séquestrée dans un coin, séparée des autres par une punition particulière, était avertie de tout ce que l’on complotait. En fait de confessions écrites, d’examens de conscience qu’on faisait pour les petites, je retrouve un griffonnage qui est un spécimen, je ne sais qui l’a fait ni à qui il était destiné.

« Confession de……

« Hélas, mon petit père Villèle[1], il m’est arrivé bien souvent de me barbouiller d’encre, de moucher la chandelle avec mes doigts, de me donner des indigestions d’haricots, comme on dit dans le grand monde où j’ai été z’élevée ; j’ai scandalisé les jeunes ladies de la classe par

  1. C’était le confesseur d’une partie des pensionnaires et des religieuses. Ce n’était pas le mien. Cet abbé de Villèle, frère du ministre, a été depuis archevêque de Bourges.