Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/41

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supportées avec bonhomie et simplicité. J’aimais la beauté, et, sous ce rapport, la figure sereine, fraîche et indestructiblement belle de ma grand’mère ne blessait jamais mes regards : mais, en revanche, la plupart des autres me contristaient, et leurs discours me jetaient dans un ennui profond. J’aurais voulu ne point voir, ne pas entendre ; ma nature scrutatrice me forçait à regarder, à écouter, à ne rien perdre, à ne rien oublier, et cette faculté naissante redoublait mon ennui en s’exerçant sur des objets aussi peu attrayans.

Dans la journée, quand je courais avec ma mère, je m’égayais avec elle, de ce qui m’avait ennuyé la veille. Je lui faisais, à ma manière, la peinture des petites scènes burlesques dont j’avais été le silencieux et mélancolique spectateur, et elle riait aux éclats, enchantée de me voir partager son dédain et son aversion pour les vieilles comtesses.

Et pourtant, il y avait certainement, parmi ces vieilles dames, des personnes d’un mérite réel puisque ma bonne maman leur était attachée. Mais, excepté Mme de Pardaillan qui m’a toujours été sympathique, je n’étais pas en âge d’apprécier le mérite sérieux, et je ne voyais que les disgrâces et les ridicules des solennelles personnes qui en étaient revêtues.

Mme de Maleteste avait un horrible chien qui s’appelait Azor ; c’est aujourd’hui le nom classique