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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/412

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ien aise de vous trouver ici, me dit-elle, vous allez me faire des excuses pour la manière impertinente dont vous m’avez regardée tout à l’heure. — Non, madame, je n’ai pas été impertinente, je ne vous ferai pas d’excuses. — En ce cas, vous serez punie à la manière des petites, vous serez enfermée ici jusqu’à ce que vous ayez baissé le ton. — Vous n’en avez pas le droit, je ne suis plus sous votre autorité. — Essayez de sortir ! — Tout de suite. »

Et, profitant de sa stupeur, je franchis la porte du cabinet et allai droit à elle ; mais aussitôt, transportée de rage, elle se précipita sur moi, m’étreignit dans ses bras et me repoussa vers le cabinet. Je n’ai jamais rien vu de si laid que cette grosse dévote en fureur. Moitié riant, moitié résistant, je la repoussai, je l’acculai contre le mur, jusqu’à ce qu’elle voulut me frapper : alors je levai le poing sur elle, je la vis pâlir, je la sentis faiblir, et je restai le bras levé, certaine que j’étais la plus forte et qu’il m’était très facile de m’en débarrasser ; mais pour cela, il fallait ou lui donner un coup, ou la faire tomber, ou au moins la pousser rudement et risquer de lui faire du mal. Je n’étais pas plus en colère que je ne le suis à cette heure, et je n’ai jamais pu faire de mal à personne. Je la lâchai donc en souriant, et j’allais m’en aller, satisfaite de lui avoir pardonné et de lui avoir fait sentir la supériorité de mes instincts sur les siens, lorsqu’elle profita