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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/418

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bonne Poulette (Marie-Augustine) ; une des doyennes était Mme Monique (Maria Monica), personne très austère, très grave, que je n’ai jamais vue sourire et avec laquelle nul ne se familiarisa jamais. Elle a été supérieure après Mme Eugénie, qui, elle-même, avait succédé de mon temps à Mme Canning. L’autorité supérieure n’était pas inamovible. On procédait à l’élection, je crois, tous les cinq ans. Mme Canning fut supérieure pendant trente ou quarante ans, et mourut supérieure. Mme Eugénie demanda à être délivrée de son gouvernement cinq ans après, sa vue se troublant de plus en plus. Elle est devenue presque aveugle. J’ignore si elle existe encore. Je ne sais pas non plus si Mme Monique a vécu jusqu’à présent. Je sais qu’il y a quelques années Mme Marie-Françoise lui avait succédé.

De mon temps, Mme Marie-Françoise était novice sous son nom de famille, miss Fairbairns. C’était une très belle personne, blanche avec des yeux noirs, de fraîches couleurs, une physionomie très ferme, très décidée, franche, mais froide. Cette froideur, dont le principe tout britannique était développé par la réserve claustrale et le recueillement chrétien se faisait sentir chez la plupart de nos religieuses. Souvent nos élans de sympathie pour elles en étaient attristés et glacés. C’est le seul reproche collectif que j’aie à leur faire. Elles n’étaient pas assez désireuses de se faire aimer. — Une autre doyenne était Mme