Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/471

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bord de ma paupière, je les essuyais furtivement, ayant honte d’être émue sans savoir pourquoi. Je n’aurais pas pu dire que c’était la beauté de la peinture, puisqu’on la voyait tout juste assez pour pouvoir dire que cela avait l’air de quelque chose de beau.

Un autre tableau, plus visible et moins digne d’être vu, représentait saint Augustin sous le figuier, avec le rayon miraculeux sur lequel était écrit le fameux Tolle, lege, ces mystérieuses paroles que le fils de Monique crut entendre sortir du feuillage et qui le décidèrent à ouvrir le livre divin des Évangiles. Je cherchai la Vie de saint Augustin, qui m’avait été vaguement racontée au couvent, où ce saint, patron de l’ordre, était en particulière vénération. Je me plus extraordinairement à cette histoire, qui porte avec elle un grand caractère de sincérité et d’enthousiasme. De là, je passai à celle de saint Paul, et le cur me persequeris ? me fit une impression terrible. Le peu de latin que Deschartres m’avait appris me servait à comprendre une partie des offices, et je me mis à écouter et à trouver dans les psaumes récités par les religieuses une poésie et une simplicité admirables. Enfin il se passa tout à coup huit jours où la religion catholique m’apparut comme une étude intéressante.

Le Tolle, lege, me décida enfin à ouvrir l’Évangile et à le relire attentivement. La première impression ne fut pas vive. Le livre divin n’avait