Aller au contenu

Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

En abordant l’idée communiste, qui a beaucoup de grandeur parce qu’elle a beaucoup de vérité, il faudrait donc commencer par distinguer ce qui est essentiel à l’existence complète de l’individu de ce qui est essentiellement collectif dans sa liberté, dans son intelligence, dans sa jouissance, dans son travail. Voilà pourquoi le communisme absolu, qui est la notion élémentaire, par conséquent grossière et trop forcée de l’égalité vraie, est une chimère ou une injustice.

Mais je ne pensais guère à tout cela, il y a trente-sept ans[1] ! Trente-sept ans ! Quelles transformations s’opèrent dans les idées humaines pendant ce court espace, et combien les changemens sont plus frappans et plus rapides à proportion dans les masses que chez les individus ! Je ne sais pas s’il existait un communiste il y a trente-sept ans ; cette idée aussi vieille que le monde n’avait pas pris un nom particulier, et c’est peut-être un tort qu’elle en ait pris un de nos jours, car ce nom n’exprime pas complétement ce que devrait être l’idée.

On n’en était pas alors à discuter sur de semblables matières. C’était la dernière, la plus brillante phase du règne de l’individualité. Napoléon était dans toute sa gloire, dans toute sa puissance, dans toute la plénitude de son influence sur le monde. Le flambeau du génie allait

  1. 1848.