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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/616

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Les excitans, que j’abhorrais comme antipathiques à ma tendance calme, me causaient des maux d’estomac et ne me réveillaient pas.

Mais la reprise de l’équitation imposée par Deschartres m’ayant fait en peu de jours une santé et une force nouvelles, je pus veiller et travailler sans stimulans comme sans fatigue, et c’est alors seulement que, sentant changer en moi mon organisation physique, je trouvai dans l’étude un plaisir et une facilité que je ne connaissais pas.

C’était mon confesseur, le curé de La Châtre, qui m’avait prêté le Génie du Christianisme. Depuis six semaines je n’avais pu me décider à le rouvrir, l’ayant fermé sur une page qui marquait une si vive douleur dans ma vie. Il me le redemanda. Je le priai d’attendre encore un peu et me résolus à le recommencer pour le lire en entier avec réflexion, ainsi qu’il me le recommandait.

Chose étrange, cette lecture destinée par mon confesseur à river mon esprit au catholicisme, produisit sur moi l’effet tout contraire de m’en détacher pour jamais. Je dévorai le livre, je l’aimai passionnément, fond et forme, défauts et qualités. Je le fermai, persuadée que mon âme avait grandi de cent coudées ; que cette lecture avait été pour moi un second effet du Tolle, lege de saint Augustin ; que désormais j’avais acquis une force de persuasion à toute