Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/663

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lumière faiblissait dans cette lampe épuisée. Un grand trouble se faisait sentir dans les idées, ou une apathie plus effrayante encore, et les nuits n’étaient pas toutes sans délire, un délire inquiet, mélancolique et enfantin. Je ne pensais plus du tout à lui demander de faire acte de religion, bien que ma bonne Alicia me conseillât de profiter de ce moment de santé pour l’amener sans effroi à mes fins. Ses lettres me troublaient et me ramenaient quelques scrupules de conscience ; mais elles n’eurent jamais le pouvoir de me décider à rompre la glace.

Pourtant la glace fut rompue d’une manière tout à fait imprévue. L’archevêque d’Arles en écrivit à ma grand’mère, lui annonça sa visite et arriva.

M. L…… de B……, longtemps évêque de S……, et nommé récemment alors archevêque d’A…… in partibus, ce qui équivalait à une belle sinécure de retraite, était mon oncle par bâtardise. Il était né des amours très passionnées et très divulguées de mon grand-père Francueil et de la célèbre Mme d’Épinay. Ce roman a été trahi par la publication, bien indiscrète et bien inconvenante, d’une correspondance charmante, mais trop peu voilée entre les deux amans.

Le bâtard, né au ***, nourri et élevé au village ou à la ferme de B……, reçut ces deux noms et fut mis dans les ordres dès sa jeunesse. Ma grand’mère le connut tout jeune encore lorsqu’elle