Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/664

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épousa M. de Francueil, et veilla sur lui maternellement. Il n’était rien moins que dévot à cette époque ; mais il le devint à la suite d’une maladie grave où les terreurs de l’enfer bouleversèrent son esprit faible.

Il était étrange que le fils de deux êtres remarquablement intelligens fût à peu près stupide. Tel était cet excellent homme, qui, par compensation, n’avait pas un grain de malice dans sa balourdise. Comme il y a beaucoup de bêtes fort méchantes, il faut tenir compte de la bonté, qu’elle soit privée ou accompagnée, d’intelligence.

Ce bon archevêque était le portrait frappant de sa mère, qui, comme Jean-Jacques a pris soin de nous le dire, et comme elle le proclame elle-même avec beaucoup de coquetterie, était positivement laide. J’ai encore un des portraits qu’elle donna à mon grand-père ; mais elle était fort bien faite. Ma bonne maman en a donné un autre à mon cousin Villeneuve, où elle était représentée en costume de naïade, c’est-à-dire avec aussi peu de costume que possible.

Mais elle avait beaucoup de physionomie, dit-on, et fit toutes les conquêtes qu’elle put souhaiter. L’archevêque avait sa laideur toute crue et pas plus d’expression qu’une grenouille qui digère. Il était, avec cela, ridiculement gras, gourmand ou plutôt goinfre, car la gourmandise exige un certain discernement qu’il n’avait pas ; très vif, très rond de manières, insupportablement gai,