Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/669

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veux que vous vous teniez tranquille, Deschartres. »

Le curé arriva, toujours ce même vieux curé dont j’ai parlé et qu’elle avait trouvé trop rustique pour être mon confesseur. Elle n’en voulut pas d’autre, sentant combien elle le dominerait.

Je voulus sortir avec tout le monde pour les laisser ensemble. Elle m’ordonna de rester ; puis s’adressant au curé :

« Asseyez-vous là, mon vieux ami, lui dit-elle. Vous voyez que je suis trop malade pour sortir de mon lit, et je veux que ma fille assiste à ma confession.

— C’est bien, c’est bien, ma chère dame, répondit le curé tout troublé et tout tremblant.

— Mets-toi à genoux pour moi, ma fille, reprit ma grand’mère, et prie pour moi, tes mains dans les miennes. Je vais faire ma confession. Ce n’est pas une plaisanterie. J’y ai pensé. Il n’est pas mauvais de se résumer en quittant ce monde, et si je n’avais craint de froisser quelque usage, j’aurais voulu que tous mes serviteurs fussent présens à cette récapitulation de ma conscience. Mais, après tout, la présence de ma fille me suffit. Dites-moi les formules, curé ; je ne les connais pas, ou je les ai oubliées. Quand ce sera fait, je m’accuserai. »

Elle se conforma aux formules et dit ensuite : « Je n’ai jamais ni fait ni souhaité aucun mal à personne. J’ai fait tout le bien que j’ai pu