Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/800

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des choses), je ne serais pas étonnée du tout d’un progrès immense de sa part.

Il y avait dans la maison un personnage assez fantastique qui s’appelait M. Stanislas Hue. C’était un vieux garçon surmonté d’un gazon jaunâtre et dont les traits durs n’étaient pas sans quelque analogie avec ceux de Deschartres : mais il ne s’y trouvait point la ligne de beauté originelle qui, en dépit du hâle, de l’âge et de l’expression à la fois bourrue et comique, révélait la beauté de l’âme de mon pédagogue. Le père Stanislas, on appelle volontiers ainsi ces vieux hommes sans famille qui passent à l’état de moines grognons, n’était ni bon ni dévoué. Il était souvent aimable, ne manquant ni de savoir ni d’esprit : mais il pensait et disait volontiers du mal de tout le monde. Il voyait en noir, et n’avait peut-être pas le droit d’être misanthrope, n’étant pas meilleur et plus aimant qu’un autre.

Ses manies divertissaient la famille, bien qu’on n’osât pas en rire devant lui. Je l’osai pourtant, ayant l’habitude de faire rire Deschartres de lui-même, et croyant la plaisanterie ouverte plus acceptable que la moquerie détournée. Je le rendis furieux, et puis il en revint. Et puis, il se refâcha et se défâcha, je ne sais combien de fois. Tantôt il avait un faible pour mes taquineries et les provoquait. Tantôt elles l’irritaient d’une façon burlesque. Il était pourtant très obligeant pour moi en général. Le beau cheval