Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/802

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encombré, jusqu’au plafond, de guenilles et de vieilles ferrailles. Ce n’était ni avarice ni penchant au larcin, car tout cela était pour lui sans usage, et une fois entré dans son capharnaüm, n’en devait sortir qu’à sa mort. Tout ce qu’on peut présumer de la cause de cette fantaisie, c’est que son vieux fonds de malice et de critique le portait à faire chercher aux gens peu soigneux les objets égarés. C’était une secrète joie pour lui de mettre les domestiques, les enfans et les hôtes de la maison en peine et en recherches. On n’avait pas la liberté de poser un livre sur le piano ou sur la table du salon, d’accrocher son chapeau à un arbre, de mettre un râteau contre un mur, ou un bougeoir sur l’escalier, sans qu’au retour, fût-ce au bout de cinq minutes, l’objet n’eût disparu pour ne jamais reparaître, tandis qu’il vous épiait, riant en sa barbe et se frottant le menton. « Ne cherchez pas, disait Mme Angèle, ou pénétrez, si vous pouvez, dans le magasin du père Stanislas. » Or, c’était la chose impossible. Le père Stanislas se renfermait au verrou quand il entrait chez lui et emportait sa clé quand il en sortait. Jamais âme vivante n’avait balayé ou épousseté son cabinet de curiosités. Il a été mourir dans un autre château, chez M. de Rochambeau, où il avait, je crois, transporté dans des fourgons tout son attirail, et quand tous ces trésors sortirent de la poussière pour être inventoriés, on m’a dit qu’il y en aurait eu pour