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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/803

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des frais considérables d’inventaire, si l’on n’eût pris le parti d’estimer le tout à dix-huit francs.

Ce vieux renard avait, disait-on, douze mille livres de rentes. Il avait été administrateur des guerres, si j’ai bonne mémoire. Ne voulant pas dépenser sa petite fortune, il se mettait en pension chez des amis, au moindre prix possible et accumulait son revenu. C’était un pensionnaire insupportable à la longue, grognant à sa manière, qui consistait à railler amèrement le café trouble ou la sauce tournée, et à déchirer à belles dents la gouvernante ou le cuisinier. Il était le parrain de la dernière fille de James, paraissait l’aimer beaucoup, et faisait entendre adroitement qu’il se chargeait de sa dot dans l’avenir ; mais il n’en fit rien, et content d’avoir fait enrager son monde, mourut sans songer à personne.

Ma mère, ma sœur, et Pierret vinrent rarement passer un jour ou deux au Plessis, pour savoir si je m’y trouvais bien et si je désirais y rester. C’était tout mon désir, et tout alla bien entre ma mère et moi jusque vers la fin du printemps.

À cette époque, M. et Mme Du Plessis allèrent passer quelques jours à Paris, et, bien que je demeurasse chez ma mère, ils venaient me prendre tous les matins pour courir avec eux dîner au cabaret, comme ils disaient, et flâner le soir sur les boulevards. Ce cabaret, c’était toujours le café de Paris ou les Frères provençaux ; cette flânerie,