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Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/804

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c’était l’Opéra, la Porte Saint-Martin, ou quelque mimodrame du Cirque, qui réveillait les souvenirs guerriers de James. Ma mère était invitée à toutes ces parties : mais bien qu’elle aimât ce genre d’amusement, elle m’y laissait aller sans elle le plus souvent. Il semblait qu’elle voulût remettre tous ses droits et toutes ses fonctions maternelles à Mme Du Plessis.

Un de ces soirs-là, nous prenions après le spectacle des glaces chez Tortoni, quand ma mère Angèle dit à son mari : « Tiens, voilà Casimir ! » Un jeune homme mince, assez élégant, d’une figure gaie et d’une allure militaire, vint leur serrer la main, et répondre aux questions empressées qu’on lui adressait sur son père, le colonel Dudevant, très aimé et respecté de la famille. Il s’assit auprès de Mme Angèle et lui demanda tout bas qui j’étais. « C’est ma fille, répondit-elle tout haut. — Alors, reprit-il tout bas, c’est donc ma femme ? Vous savez que vous m’avez promis la main de votre fille aînée. Je croyais que ce serait Wilfrid, mais comme celle-ci me paraît d’un âge mieux assorti au mien, je l’accepte, si vous voulez me la donner. » Mme Angèle se mit à rire, mais cette plaisanterie fut une prédiction.

Quelques jours après, Casimir Dudevant vint au Plessis et se mit de nos parties d’enfant avec un entrain et une gaîté, pour son propre compte, qui ne pouvaient me sembler que de bon augure