Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/811

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où il était sur le pied d’un fils de famille, il n’avait jamais eu, même pendant huit jours, même pendant douze heures, le loisir de servir dans un café ; elle s’y obstina, prétendit qu’on se jouait d’elle, et m’emmenant dehors, se répandit en invectives délirantes contre Mme Angèle, ses mœurs, le ton de sa maison et les intrigues de Du Plessis qui faisait métier de marier les héritières avec des aventuriers pour en tirer des pots-de-vin, etc., etc.

Elle était dans un paroxysme si violent que j’en fus effrayée pour sa raison et m’efforçai de l’en distraire en lui disant que j’allais faire mon paquet et partir tout de suite avec elle, qu’à Paris, elle prendrait toutes les informations qu’elle pourrait souhaiter, et que, tant qu’elle ne serait pas satisfaite, nous ne verrions pas Casimir. Elle se calma aussitôt. « Oui, oui, dit-elle. Allons faire nos paquets ! » Mais à peine avais-je commencé, qu’elle me dit : « Réflexion faite, je m’en vas. Je me déplais ici. Tu t’y plais, restes-y, je m’informerai, et je te ferai savoir ce que l’on m’aura dit. »

Elle partit le soir même, revint encore faire des scènes du même genre, et, en somme, sans en être beaucoup priée, me laissa au Plessis jusqu’à l’arrivée de Mme Dudevant à Paris. Voyant alors qu’elle donnait suite au mariage et me rappelait auprès d’elle avec des intentions qui paraissaient sérieuses, je la rejoignis rue Saint-Lazare, dans un nouvel appartement assez petit et assez laid, qu’elle avait loué derrière l’ancien Tivoli. Des fenêtres