Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/812

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de mon cabinet de toilette, je voyais ce vaste jardin, et dans la journée, je pouvais, pour une très mince rétribution, m’y promener avec mon frère, qui venait d’arriver et qui s’installa dans une soupente au-dessus de nous.

Hippolyte avait fini son temps, et, bien qu’à la veille d’être nommé officier, il n’avait pas voulu renouveler son engagement. Il avait pris en horreur l’état militaire, où il s’était jeté avec passion, il avait compté y faire un avancement plus rapide : mais il voyait bien que l’abandon des Villeneuve s’était étendu jusqu’à lui, et il trouvait ce métier de troupier en garnison, sans espoir de guerre et d’honneur, abrutissant pour l’intelligence et infructueux pour l’avenir. Il pouvait vivre sans misère avec sa petite pension, et je lui offris, sans être contrariée par ma mère, qui l’aimait beaucoup, de demeurer chez moi jusqu’à ce qu’il eût avisé, comme il en avait dessein, à se pourvoir d’un nouvel état.

Son intervention entre ma mère et moi fut très bonne. Il savait, beaucoup mieux que moi, trouver le joint de ce caractère malade. Il riait de ses emportemens, la flattait ou la raillait. Il la grondait même, et de lui elle souffrait tout. Son cuir de hussard n’était pas aussi facile à entamer que ma susceptibilité de jeune fille, et l’insouciance qu’il montrait devant ses algarades les rendait tellement inutiles qu’elle y renonçait aussitôt. Il me récomfortait de son mieux, tr