Page:Sand - Histoire de ma vie tomes 5a9 1855 Gerhard.djvu/814

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disait pis que pendre, et ces accusations portaient si à faux qu’il leur était impossible de ne pas produire une réaction d’indulgence ou de foi dans les cœurs qu’elle voulait aigrir ou désabuser.

Enfin elle se décida, après bien des pourparlers d’affaires assez blessans. Elle voulait me marier sous le régime dotal, et M. Dudevant père y faisait quelque résistance à cause des motifs de méfiance contre son fils, qu’elle lui exprimait sans ménagement. J’avais engagé Casimir à résister de son mieux à cette mesure conservatrice de la propriété, qui a presque toujours pour résultat de sacrifier la liberté morale de l’individu à l’immobilité tyrannique de l’immeuble. Pour rien au monde je n’eusse vendu la maison et le jardin de Nohant, mais bien une partie des terres, afin de me faire un revenu en rapport avec la dépense qu’entraînait l’importance relative de l’habitation. Je savais que ma grand’mère avait toujours été gênée à cause de cette disproportion : mais mon mari dut céder devant l’obstination de ma mère, qui goûtait le plaisir de faire un dernier acte d’autorité.

Nous fûmes mariés en septembre 1822, et après les visites et retours de noces, après une pause de quelques jours chez nos chers amis du Plessis, nous partîmes avec mon frère pour Nohant, où nous fûmes reçus avec joie par le bon Deschartres.


FIN DU TOME NEUVIÈME.



Typographie L. Schnauss.