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CHAPITRE CINQUIÈME.

Tyrannie et faiblesse de Deschartres. — Le menuet de Fischer. — Le livre magique. — Nous évoquons le diable. — Le chercheur de tendresse. — Les premières amours de mon frère. — Pauline. — M. Gogault et M. Loubens. — Les talens d’agrément. — Le maréchal Maison. — L’appartement de la rue Thiroux. — Grande tristesse à 7 ans, en prévision du mariage. — Départ de l’armée pour la campagne de Russie. — Nohant. — Ursule et ses sœurs. — Effet du jeu sur moi. — Mes vieux amis. — Système de guerre du czar Alexandre. — Moscou.


Nous prenions nos leçons dans la chambre de Deschartres, chambre tenue très proprement à coup sûr, mais où régnait une odeur de savonnette à la lavande qui avait fini par me devenir nauséabonde. Mes leçons, à moi, n’étaient pas longues ; mais celles de mon pauvre frère duraient toute l’après-midi, parce qu’il était condamné à étudier pour son compte, et à préparer son devoir sous les yeux du pédagogue. Il est vrai que, quand on ne le gardait pas à vue, il n’ouvrait pas seulement son livre. Il s’enfuyait à travers champs, et on ne le voyait plus de la journée. Dieu avait certainement créé et mis au monde cet enfant impétueux pour faire faire pénitence à Deschartres ; mais Deschartres, tyran par nature, ne prenait pas ses