Page:Sand - Isidora, 1845.djvu/174

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imprévus, petits ou grands, mais qui raniment l’amertume par mille endroits.

À la campagne, Alice avait l’habitude de venir toujours, vers la fin de la leçon, écouter le résumé du précepteur ou de l’enfant. Jacques se dit que toute cette vie allait changer à Paris, et qu’il ne verrait peut-être pas Alice de la journée. On lui monta son déjeuner dans sa chambre, et le vieux serviteur lui dit que madame avait commandé que son couvert fût mis tous les jours à sa table à l’heure du dîner. Jacques attendit cette heure avec anxiété. Mais il dîna tête-à-tête avec son élève.

— Madame a la migraine, dit le bonhomme Saint-Jean, une forte migraine, à ce qui parait ; elle n’a rien pris de la journée.

Et il secoua la tête d’un air chagrin.

Nous laisserons Jacques Laurent à ses anxiétés, et nous rendrons compte au lecteur de la journée d’Alice.

Après quelques heures d’un sommeil calme, elle s’habilla avec le même soin qu’à l’ordinaire, et se fit apporter la clef de la petite porte du jardin.

— Je la laisserai dans la serrure, dit-elle à Saint-Jean, et vous ne l’ôterez jamais.

Puis elle se dirigea avec une lenteur tranquille vers le jardin d’Isidora, et elle alla s’asseoir dans la