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Page:Sand - Journal d’un voyageur pendant la guerre.djvu/168

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vra pas les figures héroïques. Je l’ai vu lassé et dégoûté de ses grands généraux en 1813. S’il eût été le maître alors, l’histoire eût changé de face et suivi un autre courant. S’il est revenu à la désastreuse légende napoléonienne, qu’il avait oubliée, c’est qu’à ses yeux la république était devenue un fait désastreux en 48.

Et plus que jamais, hélas ! notre idéal est devenu pour lui un fait accablant ; ce que le paysan souffre à cette heure, nous ne voulons pas en tenir compte, nous ne voulons pas en avoir pitié.

— Paye le désastre, toi qui l’as voté.

Voilà toute la consolation que nous savons lui donner. Mon Dieu ! puisqu’il faut qu’il porte le plus lourd fardeau, n’ayons pas la cruauté de lui reprocher sa ruine et son désespoir. La république n’est pas encore une chose à sa portée ; qui donc la lui aurait enseignée jusqu’ici ? Elle n’a fait que disputer, souffrir, lutter jusqu’à la mort sous ses yeux, et il est le juge sans oreilles qui veut palper des preu-