Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/217

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— Je ne peux pas, répondit-il en revenant tomber à ses genoux.

— Mon Dieu ! lui dit-elle en l’embrassant, pourquoi souffrir ? Vous ne savez pas combien je vous aime : je me plais à vous caresser, à vous regarder, comme si vous étiez mon enfant. Tenez, je n’ai jamais été mère, mais il me semble que j’ai pour vous le sentiment que j’aurais eu pour mon fils. Je me complais dans votre beauté avec une candeur, avec une puérilité maternelle… Et puis, après tout, quel sentiment puis-je avoir pour vous ?

— Vous ne pourrez donc pas avoir d’amour ? lui dit Sténio d’une voix tremblante et le cœur déchiré.

Lélia ne répondit point, elle passa convulsivement ses mains dans les flots de cheveux noirs qui bouclaient au front du jeune homme ; elle se pencha vers lui et le contempla comme si elle eût voulu résumer dans un regard la puissance de plusieurs ames, dans un instant l’ivresse de cent existences ; puis