Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/253

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sorte de vertige qui enfante des crimes ou des héroïsmes inconnus à nos peuples d’en-deçà le soleil. Alors, ces hommes s’enivrent d’activité ; ils exhalent en rumeurs féroces, en plaisirs sanguinaires, en débauches effrénées, la force concentrée qui dormait en eux, jusqu’à ce qu’épuisés de souffrance et de fatigue ils retombent sur leurs divans, stupides entre tous les hommes !

Et ceux-là pourtant sont les mieux trempés, les plus énergiques parmi les peuples, les plus heureux dans le repos, les plus violens dans l’action. Regardez ceux des zônes torrides ; pour ceux-là, le soleil est généreux, en effet ; les plantes sont gigantesques, la terre est prodigue de fruits, de parfums et de spectacles. Il y a vanité de luxe dans la couleur et dans la forme. Les oiseaux et les insectes étincellent de pierreries, les fleurs exhalent des odeurs enivrantes. Les arbres eux-mêmes recèlent d’exquises senteurs dans le tissu ligneux de leurs écorces. Les nuits sont