Page:Sand - Lélia, édition Dupuy-Tenré, 1833, tome 1.djvu/341

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et maintenant vous voilà pire encore, car vous pleuriez, et vous semblez morte ; vous viviez par la souffrance, et voilà que vous ne vivez plus par rien. Voilà où vous êtes réduite, Lélia ! Ô mon Dieu ! à quoi vous ont servi tous ces dons brillans qui vous rendaient si fière ! Où vous a conduit ce chemin que vous aviez pris avec tant d’espoir et de confiance ? Dans quel abîme de malheur êtes-vous tombée, vous qui prétendiez mettre vos pieds sur nos têtes ? Jérusalem, Jérusalem, je vous le disais bien que l’orgueil vous perdrait !

— L’orgueil ! dit Lélia, qui se sentit blessée dans la partie la plus irritable de son ame. Il te sied bien de parler de cela, pauvre égarée ! Laquelle s’est perdue le plus avant dans ce désert, de vous ou de moi ?

— Je ne sais pas, Lélia, dit Pulchérie avec tristesse. J’ai bien marché dans cette vie, je suis encore jeune, encore belle ; j’ai bien souffert, mais je ne suis pas encore lasse, je